23 janvier, 2009

Séduction et hystérie !


Quoiqu'on en dise l'hystérie est la pathologie la plus difficile à diagnostiquer. C'en est fini des grandes crises qu'observait Charcot lorsqu'il professait à la Salpêtrière.

Face aux psys, l'hystérique moderne est plus adroite, plus matoise. Son besoin de séduire enfin libéré par nos mœurs relâchés lui donne tout pouvoir. Et elle est adroite. La séduction de l'hystérique n'est jamais de la pouffiasserie comme on serait tenté de le croire.

Combien de fois ai-je expliqué qu'une minijupe vulgaire de Skaï rouge et des escarpins putassiers d'un mauvais chausseur, ne signalaient pas l'hystérique mais simplement l'absence de goût et de moyens financiers !

La séduction de l'hystérique, c'est autre chose, c'est plus ténu, plus nuancé. C'est une séduction à l'affut, qui se tapit dans l'ombre pour mieux observer sa proie et se jeter sur elle. L'hystérique est intelligente quoiqu'on en dise. Elle a un fabuleux radar qui lui permet de se mettre à l'unisson de sa victime sur le même registre émotionnel.

L'hystérique en chasse est une tigresse dont les rayures se confondent dans le paysage ambiant. Et c'est pour cela qu'il est difficile de la voir venir. On a beau avoir tout lu de l'hystérique, on reste toujours surpris par sa capacité à attraper sa proie. Face à l'hystérique l'homme est un gros benêt, toujours prompt à vouloir séduire ou à sauver la demoiselle en détresse.

Le DSM IV explique que "L'interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction inadapté, ou d'attitude provocante". Encore faut-il définir ce qu'est la séduction. Car l'hystérique séduit toujours de multiples manières et elle sait s'y prendre.

Elle peut tour à tour jouer la femme fatale puis la pauvre victime en détresse. Dans tous les cas, elle se doit de rester au centre de la scène. Et comme elle aime la scène, croyez-moi qu'elle a des talents de comédienne. Et il faut être fort adroit pour distinguer qu'elle joue.

Finalement, il n'y a qu'une chose qu'elle ne maitrise pas : c'est son regard. L'hystérique a toujours un regard spécifique quand elle joue. Elle peut prendre tous les rôles et les tenir à la perfection mais son regard la trahit.

Elle peut vous sourire et en même temps vous observerez toujours une sorte de fixité dans le regard, un peu comme si du fond de sa conscience elle observait l'effet qu'elle vous fait, de manière à savoir si elle vous a en son pouvoir ou s'il faut qu'elle ajuste au mieux sa stratégie.

Paraphrasant le grand écrivain Gérard de Villiers, on peut dire que l'hystérique qui séduit a "les yeux qui baigne dans le sperme" quand elle appelle le mâle. Mais, il n'y a pas que cela. Si on l'observe, derrière son regard mouillé et enjôleur, on distingue rapidement le viseur d'une femme plus dure qui vous met en joue, bien décidée à vous ajouter à son tableau de chasse.

J'ai beau connaître tous les traits diagnostiques du DSMIV concernant la "personnalité histrionnique" comme on dit maintenant, j'ai un petit quelque chose en plus. Moi aussi, je me tiens en embuscade. J'ai l'oeil dans le viseur. Et une fois la mise au point effectuée, mon oeil rivé à la lunette de tir, c'est toujours amusant de distinguer le regard de l'hystérique qui vous pointe dans sa propre lunette.

C'est une rencontre entre snipers. C'est aussi une pathologie complexe.

4 Comments:

Blogger polydamashk-blog said...

Le souci, c'est que j'ai toujours eu du mal à analyser un regard. Les regards sont froids ou chaleureux en fonction de la couleur des yeux, mais comment est-il possible de distinguer les regards du reste du visage, pour vraiment analyser ce qu'il se passe dans la tête de la fille ?

A la limite, je dirais que tous les regards, pris indépendamment des visages sont froids et n'indiquent rien.

23/1/09 1:07 PM  
Blogger Stéphanie said...

Je me demande si l'éducation qu'on donne aux jeunes filles actuellement n'appelle pas systématiquement un poil d'hystérie ?
Quand on lit les magazines féminins par exemple on a l'impression qu'il reste peu de place pour la spontanéité et que tout est statégie.
Et cette quasi-obligation de jouer les lolitas de 42 kilos (bien après 30 ans) professée par ces mêmes magazines !
La photo est très parlante : ce regard !(de plus elle fait référence à mon film préféré) mais je dirai que l'icône de cette mode de l'hystérie actuelle est une certaine Carla B : en apparence la femme enfant fragile, hypersensible, qui avoue ses erreurs pour être pardonnée...et tout au fond du crâne le calcul, la manipulation, l'avidité et surtout la vénération du pouvoir.

Maintenant il reste la question à 10 000 euro : mis à part les psychologues rompus à la détection de ce type de femmes, est-ce que la plupart des hommes n'attend pas exactement ce type d'emmerdeuses ?

23/1/09 1:56 PM  
Blogger Unknown said...

Philippe votre post me fait beaucoup écho car je suis la version masculine de ce que vous décrivez.
Diagnostiqué hystérique, j'ai aussi ce gout pour être l'acteur de 1000 rôles différents, à seule fin de séduire (la suite logique n'étant qu'un "bonus").

Mais ce que je ne comprends pas, c'est que vous parlez de pathologie.
En quoi est-ce dangereux, handicapant ou douloureux pour l'hystérique de jouer à ce jeu là ?
Et en quoi est-ce dangereux pour la proie du moment puisque le séducteur ne lui veut aucun mal et la relâchera sitôt conquise ?

votre réponse là-dessus m'intéresse beaucoup. Au delà avez-vous des références de livres à conseiller ?

23/1/09 2:40 PM  
Blogger teddywilson said...

Bonsoir Philippe,

Bravo pour votre blog que je savoure par intermittence depuis ... un bail.

J'y suis revenu ce soir et c'est peu de dire que votre post tombe à pic !

En effet, je reviens d'un week-end chez ma soeur. Son fils de 33 ans refuse de la voir depuis environ 2 ans et elle ne comprend pas ce qu'il lui reproche. Elle considère qu'il a tous les torts, qu'il est sous l'influence maléfique de sa femmme qui aurait "pété un cable" au moment de la naissance de leur enfant il y a 15 mois. Difficile de ne pas souscrire a priori au point de vue de ma soeur compte tenu notamment d'un e-mail d'une violence rare que lui a envoyé sa belle-fille il y a quelques mois. La dite belle fille de ma soeur vient par ailleurs d'être hospitalisée quelques semaines pour dépression nerveuse.

J'apprécie mon neveu et j'ai souhaité le rencontrer afin de comprendre son attitude et tenter un rapprochement. Il considère qu'aucun dialogue n'est possible avec sa mère, qu'elle est totalement incapable de s'intéresser à quoi que ce soit d'autre qu'elle, de l'écouter, de le respecter, de respecter ses choix de vie, qu'elle cherche constamment à le manipuler, qu'elle n'est que destruction pour lui et qu'il ne veut pas imposer cela à sa femme et à sa fille de 15 mois (il empêche sa mère de voir sa petite-fille). Mon neveu explique son refus de revoir sa mère par sa volonté de se préserver et il considère que sa mère a une personnalité histrionique.

Selon Wikipedia que je viens de consulter, je la perçois moi aussi comme ayant au moins 6 ou 7 des 8 caractères de la description DSMIV.

Je comprends la souffrance de ma soeur et l'attitude de mon neveu. Je n'ai évidemment rien pu faire pour améliorer la situation.

Vos remarques et conseils de bon sens sont les bienvenus !

26/1/09 2:31 AM  

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