25 octobre, 2011

Le chic type, trop gentil pour être heureux ?


 Si vous faisiez mon boulot, vous verriez débarquer dans votre cabinet des gens charmants, toujours des hommes, bien propres sur eux et d’une gentillesse hors du commun. D'un point de vue psychopathologique, ils ne sont que déprimés sans qu'il y ait d'autres problèmes. 

La psychopathologie classique aurait tendance à les enfermer dans la catégorie des personnalités dépendantes mais c'est de mon point de vue très limitatif et en rend pas compte de la psychodynamique de ces personnes. Ils sont simplement gentils, trop gentils et finalement à force d'être aussi gentils, ils en deviennent chiants à mourir. Certes, ils plairaient à Liliane Glass, parce qu'ils ne sont pas toxiques du tout ! Quêtant l'approbation perpétuelle dans le regard de l'autre, ils en viennent à développer une sorte de psychologie à géométrie variable qui les rend suradaptés à leur environnement. Pour le coup, lorsqu'on les fréquente, on en vient à rêver qu'ils explosent, marquent leur désaccord d'une manière ou d'une autre et cessent d'être gentils !

On pourrait gloser à l'infini pour comprendre comment on en arrive à devenir trop gentil. A l'origine, il y a souvent soit un parent totalement barré exprimant sa violence physique ou psychologique d'une manière ou d'une autre, qui place l'enfant dans la recherche perpétuelle de l'adaptation totale de manière à ne pas trop endurer de mauvais traitements. A l'opposé, il peut aussi y avoir chez certains enfants une volonté de réparer un parent ce qui l’amènera à adopter une attitude trop gentille et trop consensuelle et vers un défaut d'affirmation de soi.

Le gentil garçon, ce chic type que les américains appellent nice guy, est donc en constante adaptation avec le monde. C'est le copain idéal, surtout si l'on est une fille. C'est ce type gentil à qui vous pourrez raconter tous vos malheurs mais avec qui aucune fille n'aurait l'idée de coucher. C'est la version totalement hétéro du copain gay. Celui que l'on devine gentil parce que totalement émasculé, une sorte de version humaine du gros chat tout doux et castré tellement prisé par les femmes en mal d'amour.

Jung aurait dit d'eux qu'ils se noyaient dans leur sensibilité, dans leur pôle féminin, leur anima pour être précis. D’ailleurs très récemment un de mes chers patients, avec qui je m'entends bien et que j'ai toujours trouvé d'une grande intelligence, m'expliquait qu'il revendiquait des valeurs féminines qu'il préférait à celles que l'on juge plus masculines.

Tout est finalement là, dans cette manière de revendiquer de prétendues valeurs féminines qui n'abusent que les crétins et le chanteur Renaud qui écrivit voici quelques années les paroles suivantes pour sa chanson Miss Maggie :

je veux dédier ces quelques vers
issus de mon dégoût des hommes
et de leur morale guerrière
Car aucune femme sur la planète
n's'ra jamais plus con que son frère
ni plus fière ni plus malhonnête

Parce que pour n'importe quel observateur du genre humain, il est évident que la violence est partagée par les deux sexes même si elle prend des chemins différents. Sans doute que des différences hormonales amènent des comportements différents mais pour le reste, loin de penser comme Renaud, je crois que le dégoût des hommes cachent généralement un gros conflit mal résolu et notamment la peur de s'affirmer pour ne pas prendre de coups. Car s'il est de notoriété publique qu'on ne frappe pas une femme même avec une fleur, on peut en revanche cogner sur un homme.

Et c'est sans doute les coups que ces hommes trop gentils veulent éviter. Conscients de leurs manques réels ou supposés, ils adoptent un comportement outrageusement féminin dans ce qu'il y a de plus caricatural dans le beau sexe pour échapper au jugement d'autrui et ne pas risquer l’opprobre qui les laisserait démunis comme les petits garçons qu'ils ont été. 

D'ailleurs, cette revendication de valeurs féminines n'est qu'un leurre car les gentils garçons savent aussi devenir méchant dès lors qu'ils endurent trop de frustration. C'est ainsi que lorsqu'ils s'aperçoivent que leur gentillesse ne paie pas vraiment, qu'elle ne leur offre pas ce qu'ils espéraient, ils se muent en revanchard terrible. Parce que sa gentillesse n'est que feinte, elle n'est qu'une armure et non un comportement altruiste. En vous offrant sa gentillesse gluante, le gentil garçon espère juste être aimé en retour ou du moins ne pas recevoir de coups. Comme diraient certains djeuns, le nice guy n'est pas vraiment gentil, ce n'est qu'un gros fake, un tricheur qui adepte de la combine, prompt à déguiser ses attentes purement masculines derrière des atours faussement féminins.

Si les TCC offrent tout un panel de dispositifs pour traiter les personnalités dépendantes, j'ai toujours songé que d'autres moyens existaient aussi, plus simples encore pour traiter le syndrome du nice guy. Il s'agit simplement d'offrir à ces hommes la possibilité de se reviliriser sans pour autant abimer leur sensibilité en leur proposant des activités plus masculines. 

Même si des activités telles que les sports de combat semblent avérées, il ne s'agit pas pour autant d'amener ces gentils garçons à se muer en bourrins stupides mais simplement de leur offrir la possibilité de fréquenter leurs coreligionnaires à travers des loisirs plus masculins. L'important est qu'ils puissent parvenir à apprivoiser les valeurs masculines qui leur font peur, à savoir sinon porter des coups, du moins à ne pas les redouter.r

Pour ceux que cela intéresserait, reportez vous à l'ouvrage de Robert A. Glover, Trop gentil pour être heureux, le syndrome du chic type. L'ouvrage a ainsi le mérite de s'intéresser de manière très prosaïque aux relations entre hommes et femmes et de proposer des exercices pratiques. Dans la même optique, il existe aussi l'ouvrage de Guy Corneau, psychanalyste jungien québécois, Père manquant, fils manqué ou encore certains ouvrages de Maryse Vaillant, psychologue clinicienne, ayant aussi réfléchi à ce problème. Dans tous les cas, l'idée reste simple puisqu'il s'agit de se construire une masculinité qui évite les écueils de la beauferie et de la sensiblerie.

En revanche, oubliez totalement le test que l'on trouve sur internet parce qu'ils sont stupides,et n'offrent aucun intérêt clinique à moins que vous ne cherchiez à vous culpabiliser à outrance. Le concept de chic type n'a de fait pas grand chose à voir avec la gentillesse mais bien plus avec l'affirmation de soi au cours de laquelle la masculinité va être questionnée en tant que rapport au monde. Dès lors, n'oublions pas que l'on peut rester charmant sans sombrer dans la négation de soi. Parce qu'il ne faudrait pas sombrer dans une dichotomie hâtive qui nous obligerait à choisir entre n'être qu'une couille molle (le chic type) ou un dur.

Et pour ceux qui comme moi seraient amateurs de comédies stupides, n'hésitez pas à voir ou revoir Fous d'Irène, film des frères Farelly, dans lequel Jim Carrey interprète le rôle caricatural d'un vrai chic type.

Et après avoir rédigé cet article, en y réfléchissant bien je pense que ce film est sans doute l'étude clinique la plus intéressante sur ce sujet !

24 octobre, 2011

Personnalités toxiques et livres pourris en tous genres !



Oh le vilain titre que voilà ! On va encore m'accuser de faire du mauvais esprit. Voici quelques années, Liliane Glass sortait un livre intitulé "Ces gens qui vous empoisonnent l'existence", dans lequel elle créait le concept un peu fumeux d'un point de vue clinique de "personnes toxiques". 

Ces personnes toxiques vous donnent l'impression de ne jamais être à la hauteur, d'être toujours évalués et notés, de ne jamais être en paix mais au contraire d'être perpétuellement soumis à un examen duquel ne sortirait rien d'autre qu'une dévalorisation perpétuelle.

Qu'il s'agisse de paroles blessantes, impolies ou méchantes, de plaisanteries douteuses,  de critiques incessantes, de mots cruels,  voire de compliments immédiatement suivis d'une gifle, les techniques employées sont multiples. Toujours est-il que quelles que soient la technique employée, fréquenter ces personnes toxiques vous donnent toujours le sentiment d'être dévalorisé, totalement nié, et vous amènent à vous sentir vidé émotionnellement ou parfois même irrité.

Bref, ces personnes toxiques sont vraiment très vilaines et Liliane Glass a raison de nous avertir des ravages qu'elles peuvent causer. Parce que ces personnes vous empoisonnent l'existence comme le dit si bien le titre de son ouvrage qu'elle a pu vendre par centaines de milliers d'exemplaires.

Le problème c'est que Liliane Glass se définit comme une spécialiste en communication et que si elle a pu pointer de son doigt manucuré (Liliane est américaine) certains problèmes, elle pèche quant à l'évaluation réelle de la toxicité des personnes dont elle parle. Elle a beau établir des profils spécifiques plutôt bien pensés en apparence, Liliane se met tout de même son joli doigt manucuré (elle est américaine) dans l’œil. 

Ainsi, après avoir établi qu'il existait des personnalités toxiques,notre Liliane découpe son concept en fines tranches de manière à établir treize profils dont vous pourrez consulter le fonctionnement ici : le dénigreur, le critique, le dominateur, le compétiteur, le moulin à paroles, le fauteur de troubles, le plaisantin, l'écervelé, le nombriliste, le fuyard, l'hypocrite, l'exploiteur et la victime.

L'idée de base était excellente pourtant Liliane a tendance à enfoncer des portes ouvertes. Là ou Marie-France Hirirgoyen, psychiatre de son état, établit un profil de pervers-narcissique en mixant les personnalités narcissiques et antosociales, en tentant de circonscrire ce profil strictement, Liliane nous décrit tout le monde.
Parce que tous, à un moment ou un autre, avons été une personnalité toxique pour quelqu'un d'autre. A midi, en déjeunant avec un ami, j'ai encore eu le droit à "mais quand vas tu te débarrasser de cette merde !". Mon ami faisait référence à ma RJ49 pour laquelle il n'a aucune tendresse particulière. Si j'en crois Liliane Glass, mon ami, chaque fois qu'il se moque de ma RJ49, appartient à la catégorie des "critiques" et peut-être même à celle des "dénigreurs". Est-il toxique pour autant ? Non puisque je trouve ses critiques fondées dans la mesure où il emploie une autre forme de jugement. Tandis qu'il estime l'acquisition de ma RJ49 dans une optique utilitariste, je sais pour ma part qu'il ne s'est agit que d'une lubie. Lui et moi avons raison pourvu que l'un et l'autre sachions d'où nous jugeons.

Pareillement, lorsque je me moque de cette chère Laurence et du fait qu'elle soit juge de gym artistique féminine, j'ai de bonnes raisons. Dans une optique purement utilitariste, qui fait que je suis entraineur et que je déteste voir les gens se gâcher, il m'apparait évident qu'une jeune femme intelligente et de qualité devrait avoir d'autres passe-temps que de passer un dimanche dans un gymnase sale à noter des enfants qui font des sauts. De son point de vue, et comme elle me l'explique fort justement, pour elle ce passe-temps n'est rien d'autre qu'un passe-temps, un dérivatif, une manière de se vider la tête et n'a aucunement l'importance que je lui prête. Si Liliane Glass avait écouté nos échanges, nul doute qu'elle m'aurait classé dans la catégorie du "dénigreur" voire du "dominateur" ou carrément dans les deux. 


Bien sur que je préférerais être toujours un petit ange gentil mais cela est impossible dès lors qu'il y a de l'affect. Et à moins de tenter d'être une sorte de monstre froid et perpétuellement sous contrôle parfois la communication comporte de petits écueils. L'idée même de la neutralité bienveillante est un leurre. Car même si l'on ne juge pas les patients moralement, faire abstraction de ce que l'on est dans un cadre thérapeutique s'avère impossible à moins de confondre le métier de psy et celui d'entomologiste. D'ailleurs, parfois cette forme de neutralité que l'on sent apprise et digérée s'avère totalement stupide et peut devenir une forme de maltraitance parce qu'elle met le patient à l'écart.

Liliane Glass sombre en plein dans de ce qu'il peut y avoir de plus atroce aux États-Unis, la négation de notre humanité au nom d'une prétendue maitrise de la communication passant par une formation dans laquelle on apprendrait des séquences communicationnelles comme un vendeur d'encyclopédie apprendrait par cœur la réfutation des objections de ses clients. D'ailleurs attardez vous sur ce questionnaire pour constater que l'on peut répondre positivement à au moins un des points précisés, ce qui aurait tendance à prouver que l'on vit entouré de personnes toxiques dès lors qu'elles ne sont pas d'accord avec nous.

Cette mode désastreuse a atterri chez nous et l'exemple des stages de citoyenneté ou de récupération des points de permis, n'est qu'un avatar de psychologisation rampante et gerbante que l'on veut instituer dans les rapports humains pour normaliser ce qui n'a pas lieu d'être. Une technique de manipulation issue de recherches en psychologie sociale qui a bien compris que plutôt que de frapper les gens, il fallait mieux les culpabiliser pour obtenir leur consentement. Cela rejoint ce que me disait un ami dirigeant une grande enseigne de l'immobilier lorsqu'il m'affirma froidement que chez eux on croyait au travail mais pas au talent et donc qu'ils avaient imaginé qu'un management au top était d'avoir de bons petits soldats.

L'échange entre deux personnes est nécessairement l'objet de crises que l'on peut résoudre ; c'est humain et non pathologique. Et effectivement, même si dans un monde parfait, il faudrait savoir tout le temps mettre des gants pour parler aux gens, et ne jamais se mettre en colère, notre humanité, le fait que l'on ressente des émotions, ne rend pas toujours cela possible. Le fait par exemple que l'on s'engueule au sein d'un couple, ne veut pas dire que l'on ne s'entende pas. Chacun peut être amené à commettre des erreurs de communication et cela reste humain, de la même manière qu'il est humain de reconnaitre ses erreurs par la suite.

En proposant son ouvrage, Liliane Glass rate le coche même si elle a du empocher beaucoup de droits d'auteur. Plutôt que de tenter de mettre sur un même plan des comportements totalement différents, Liliane notre experte en communication aurait du expliquer que justement relativiser faisait perdre de la force à cette notion de toxicité. Entre un pervers-narcissique et un simple chieur, il y a une différence fondamentale parce que le premier l'est intentionnellement dans le but de faire du mal tandis que le second n'est que maladroit ou au pire ignorant des pratiques qu'il emploie.

Tous dans notre vie avons été chieurs une fois, ce n'est pas pour autant que l'on soit toxique. En bon français, le terme toxique a une définition réelle. On dit d'une substance qu'elle est toxique parce qu'elle est nocive pour l'organisme et on ce terme à propos de poisons. 

Bref je conspue ce genre de littérature, qui partant d'un bon sentiment, psychologise des relations humaines normales et non pathologiques. Cette littérature de gare qui sous des abords d'expertise, ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes et complexifier ce qui n'est pas complexe.

Et la prochaine fois qu'un(e) patient(e) emploie le terme de "personne toxique", je me fâche tout rouge parce que n'étant pas pervers-narcissique, je me réserve toutefois le droit d'être parfois toxique en marquant mon désaccord d'une manière ferme et définitive.

10 octobre, 2011

Je suis allé voter !


Hier, les socialistes organisaient leurs primaires. Et avec des amis, nous nous sommes invités à la fête vu que nous sommes nous aussi très attachés aux valeurs républicaines de partage et de solidarité. 

Mon pote Olive, qui a réussi dans la vie et roule en Ferrari, et moi-même nous sommes donc rendus au bureau de vote afin de donner notre avis puisqu'on nous le demandait. C'est ainsi que nos voie se sont portées sur Manuel Valls, ce qui en a fait deux de moins pour Martine.

Il y avait plein de monde, même qu'on était très étonnés. Vu qu'on n'a pas de tête, on n'avait pas pensé à prendre de fric. Heureusement qu'Olive avait de la monnaie dans le vide-poche de sa voiture, cela nous a permis de nous acquitter de notre obole en petite monnaie comme deux clodos qui auraient fait la manche juste avant de rentrer. On a balancé des cinq et des dix centimes dans la boîte.

Comme j'attendais pour mettre mon bulletin de vote dans l'urne, j'ai voulu laisser passer une jolie jeune femme brune. Très courtoisement, celle-ci a décliné mon offre en m'expliquant qu'elle me laissait "passer avec mon ami". Olive qui ne comprend jamais rien à rien, et surtout pas les allusions, n'a pas saisi qu'on nous prenait pour un couple de gays. Moi, je m'en fous parce que même si on me prend pour un gay, on voit tout de suite que je suis l'actif tandis qu'Olive avec sa belle gueule et ses fringues de luxe a des faux airs de styliste ou d'architecte d'intérieur.

Et puis c'était une expérience intéressante d'un point de vue sociologique. Parce que peut-être que dans l'imaginaire socialiste, si on vient voter en compagnie d'une femme, c'est qu'on est profs, tandis que si on vient voter avec un pote, c'est qu'on est forcément homos ?

Bon, finalement heureusement que je ne suis pas allé voter en compagnie du jeune Lapinou. Les mieux intentionnés nous auraient peut-être pris pour un père et son fils et les autres pour un vieux porc et son jeune tapin !

Le club de surdoués !


Voilà, je sais que vous attendiez tous que je vous livre mes observations concernant le club de surdoués auquel j'avais été invité. J'ai attendu l'autorisation de publier l'article. Il faut dire que l'invitation étant gentille, je m'étais autocensuré, préférant garder mes réflexions pour moi. Je ne me voyais pas me rendre dans un endroit, y baffrer comme un chancre et y picoler comme un soudard, pour ensuite aller raconter que c'était merdique. Non, pas de ça chez moi, j'ai au moins la reconnaissance du ventre !

Alors que raconter à propos de cette petite sauterie. Je crois que ce qui m'a le plus étonné, c'est de constater que des personnes se réunissaient parce qu'elles s'estimaient plus intelligentes que la moyenne. Non, que je conteste que l'on soit libre de se réunir comme on l'entend mais que je trouve que l'intelligence est un facteur un peu limité pour se trouver des points communs. Ainsi, je peux reconnaître que certaines personnes sont tout à fait intelligentes sans avoir envie de les fréquenter parce que je ne partage pas grand chose avec elles. Créer un club de surdoués, pour moi c'est comme créer une association de roux, cela ne me semble pas un critère suffisant pour créer du lien social.
A moins que, à moins que la douance, comme le fait d'avoir des cheveux roux, provoque chez certaines personnes des problèmes d'intégration. Dès lors, on n'est plus dans un phénomène classique associatif mais plutôt dans une sorte de processus curatif comme peuvent l'être les Alcooliques anonymes. C'est ce que m'a d'ailleurs confirmé la personne qui me recevait, à savoir que les personnes réunies étaient là pour débattre des problèmes que la douance leur avait infligés. 

C'est une démarche que je peux comprendre dans la mesure où il m'est arrivé de recevoir des personnes se trouvant toutes les tares du monde alors qu'elles n'étaient que surdouées. Effectivement, un talent réel non exploité est souvent une source de souffrance. Ces personnes pressentaient une différence qu'elles mettaient sur le compte d'une affection psychopathologique. C'est une démarche assez classique. On a tous tendance à évaluer ses compétences en fonction de ce que l'on observe chez les autres et on a du mal à imaginer que l'on pourrait être "plus" simplement parce que l'on note des différences entre nos comportements et ceux des autres. C'est finalement une attitude plus saine que de s'imaginer "malades" plutôt que de s'imaginer directement "surdoué".

Bref, une fois admis cela, j'ai bien vite compris que j'étais à une réunion de surdoués anonymes venus là pour échanger des expériences de vie. J'ai donc pu me livrer à une de mes activités favorites, avec manger et dormir, à savoir trier classer et profiler les gens. Et ce fut instructif !

Alors pour tous ceux qui sont venus me lire dans l'espoir que je ferais du mauvais esprit, voici le fruit de mes observations, qui sont à la clinique rigoureuse, ce que Christine Lagarde est à l'économie : une grossière approximation. Allez zou, de deux traits et pas un de plus, je partage une page en trois catégories et je classe les gens rencontrés à toute vitesse ! Alors qu'avons-nous comme première catégorie ?

Tout d'abord, les gens à problèmes dont il m'est difficile de parler tant la catégorie est une fourre-tout. Sans doute certains sont ils réellement surdoués tandis que d'autres ne sont que personnes à problèmes préférant masquer leurs manques derrière une prétendue douance comme une personne sans emploi préférerait se draper des oripeaux de l'artiste incompris plutôt que d'avouer simplement qu'il est chômeur. Il est certain qu'il est plus agréable de se dire surdoué incapable de s'intégrer du fait d'une trop haute intelligence que d'admettre que l'on est simplement caractériel. 

Dans cette première catégorie figurent aussi de réels surdoués mais qui fonctionnent mal sans doute parce qu'ils n'ont pas saisi que l'hemour était une nécessité pour que les neurones tournent bien. C'est ainsi que, tourmentés, enclins à se regarder le nombril, à s'évaluer sans cesse, se mesurer, être à l'affut du moindre de leurs états d'âme, ces surdoués ratent le coche. D'un moteur qui délivrait cinq-cents chevaux au vilebrequin ne restent plus que cinquante haridelles en sortie de boîte. Le reste de la puissance se perd dans des choses sans importances, graves et pesantes. 

C'est ainsi qu'un jeune type a voulu nous ébahir en nous expliquant qu'il pouvait avoir dix-sept pensées simultanées. Et pourtant, il était intelligent mais quel manque d'humour qui affadit tout et transforme une qualité en quelque chose de sinistre et pesant.

En voulant faire étalage de son intelligence, on rate souvent le coche et on ne parvient qu'à se rendre ridicule. Tel le paon faisant la roue, on devient tellement pénétré de soi-même que l'on oublie que les autres ne sont pas venus contempler le pitoyable spectacle de soi-même. Cela sent un peu le complexe, c'est immature et pathétique.  C'est trop, et cela en devient ridicule. L'intelligence est présente mais gadgétisée et mise en valeur de manière tellement grotesque qu'elle en devient lourde et pénible. On en vient à regretter qu'il n'y ait pas un brave con avec qui discuter simplement de choses simples.

Dans la seconde catégorie figurait la fille seule. Si j'ai pu noter qu'il était souvent plus difficile pour une femme intelligente d'être en couple que pour une idiote, on ne peut pas non plus faire reposer ses échecs sentimentaux sur cette seule donnée. Ainsi, à une brune qui me saoulait un peu avec ses états d'âme, j'ai été amené à expliquer que parfois il fallait faire un diagnostic différentiel entre l'hystérie et la douance. A une autre, j'ai expliqué qu'il y avait une différence majeure entre avoir un sale caractère et avoir du caractère. Un femme intelligente n'est pas nécessairement pénible, qu'on se le dise.

La dernière catégorie est constituée des gens réellement surdoués. Ceux chez qui cela s'observe d'emblée par leur rapidité à traiter les informations, leur humour et le recul qu'ils ont face aux choses. Sans doute que certains n'ont pas eu une vie facile. Mais si l'on distingue de petites failles, celles-ci sont presque totalement colmatées et n'entravent aucunement un fonctionnement harmonieux de leur personnalité. Leur douance s'impose d'elle-même et je suis persuadé qu'un test corroborerait mes observations.

Enfin, à la marge figurent quelques personnes qu'il m'est impossible de faire rentrer dans aucune de ces trois catégories. Qu'il s'agisse de personnes trop timides, voire d'autres souffrant d'alexithymie, je n'ai pas suffisamment parlé avec pour me faire une idée valable de ce qu'elles étaient.

Mais au-delà de mes éulucubrations, j'aurais tendance à dire que l'intelligence, la vraie, l'utile, est celel qui à l'instar des bonnes innovations technologiques, parvient à tellement bien s'intégrer qu'elle se fait oublier. L'intelligence ne doit pas complexifier le monde mais bien au contraire l'expliciter. Chaque fois que j'ai entendu quelqu'un dire d'une chose qu'elle était trop complexe pour être compréhensible, j'ai toujours sur que je n'avais pas quelqu'un de réellement intelligent en face de moi.

Voilà le compte-rendu fort simple de cette soirée.

Conseil municipal et psychopathologie appliquée !




Pour la première fois de ma vie, j’ai assisté à un conseil municipal. Mon père m'avait persuadé d’y aller en m’expliquant que ce serait houleux et qu’il y aurait matière à ennuyer un tout petit peu nos chers élus en manifestant notre opposition très bruyamment contre un projet d’urbanisme largement contesté.

De mon côté, je ne sais pas pourquoi j'ai tant d'aversion pour les élus. Cela date bien d'avant mon coming out libéral tendance libertarienne. Peut-être que mon éducation y est pour quelque chose. Je me souviens ainsi  très bien de la moue un peu moqueuse de mon père lorsqu’étant plus jeune nous croisions un élu municipal. Face à l’arrogance pathétique et la suffisance comique dont certains faisaient preuve, mon père ne manquait jamais de m'expliquer qu’il s’agissait « d’un type de la mairie ».

Je suppose que pour lui, parler de « type de la mairie » était une manière simple de classer un type de parasites sociaux. Il s'agissait sans doute de m’apprendre à reconnaître et à ne pas attacher trop d’importance à ce genre de personnes : avocats sans cause, médecins sans clientèle, minuscules affairistes crapoteux, etc., n’ayant d'autres recours pour trouver quelque reconnaissance et s’assurer leur subsistance que de devenir justement des "types de la mairie".

C'est curieux que je dise cela dans la mesure où j'étais pourtant présent sur une liste électorale. Il faut croire que je ne suis pas à une contradiction près. Non, il n’y a aucune contradiction dans la mesure ou cette démarche résulte plus d’un mouvement de colère que d’une réelle ambition personnelle.

Et puisque j’en suis à critiquer les élus, autant parler aussi de ceux qui les ont mis en place : les électeurs. Je crois qu’il n’y a rien de plus détestable qu’un administré qui, dès que vous êtes en poste, n’aura de cesse que de venir s’abaisser devant vous pour bénéficier d’une faveur ou d’un passe-droit. D’ailleurs, les hommes politiques mesurent leur pouvoir au nombre de faveurs que l’on vient leur demander disait Druon. S’agissant de la politique comme des sectes, rappelons-nous que le gourou n’existe que tant qu’il coexiste des personne gourouïsables.

 Allez peut-être que si notre liste avait connu le succès escompté, j'aurais poussé la blague jusqu'à devenir adjoint aux sports. Ils auraient alors connu les joies du sport à la dure avec un sacré handicap : l'absence de subventions.  Après tout, aucune raison que mes impôts locaux financent le sport tant que les sportifs ne financeront pas mes clopes et mes cafés. Le premier budget que j’aurais coupé aurait été celui du club de gymnastique. Allez hop les gamines, toutes en classe de couture pour comprendre que recoudre un bouton ou faire un ourlet servira plus dans la vie que de faire des flips arrière.

 A moins que je ne me sois transformé en une sorte de Torquemada des finances publiques, un empêcheur de tourner en rond et un emmerdeur patenté. Et puis comme tout cela n’est pas vraiment sérieux, j’aurais pris beaucoup de recul et cela serait devenu une sorte de jeu. En définitive, j'aurais sans douté été victime d'un attentat politique, et on m'aurait  retrouvé brûlé vif dans ma RJ 49 avec un rapport d'enquête mettant l'incident sur le compte d'un défaut électrique ! Putain, je l'ai échappé belle ! Un peu plus et une conspiration mettant en œuvre des sportifs et des bétonneurs aurait eu ma peau !

Bon bref toujours est-il que pour la première fois de ma vie j'ai assisté à un conseil municipal.  A peine parvenu devant la mairie, ma soirée a fort mal commencé, puisque sans le faire exprès j'ai gravement vexé un jeune élu !

En fait, bien qu'assez froid j'ai un naturel assez liant. Et comme je suis le gars sympa qui écoute et conseille pour pas un rond, je finis par connaître un tas de monde. C'est ainsi que je papotais avec une brave dame qui m'expliquait que l'équipe municipale avait profité de la maladie de son mari pour nuire à sa petite association. Moi, je n'étais pas au courant du dossier mais j’ai écouté.

L’affaire qu’elle me rapporta était de fait picrocholine et mon sentiment à propos de cette histoire était que certaines personnes abuseraient toujours de leur pouvoir pour faire chier le bon peuple. En l'occurrence il s'agissait d’après ce que j’ai saisi, pour une assemblée de notables d'emmerder de gentils prolos en les empêchant de pratiquer la pêche à la ligne. Le combat est misérable et à la hauteur d’une personnalité narcissique qui comme on le sait fort bien lorsque l’on pratique la psychopathologie, est forte avec les faibles et faible avec les forts.

Mais je suppose que lorsque l’on gagne sa vie en tant que maire adjoint et conseiller général, on doit parfois avoir un sentiment de honte qu’il faut bien combler. A défaut d’avoir une réelle utilité sociale, de participer activement à la marche du monde, on en vient à se fabriquer de l’égo en pratiquant l’abus de pouvoir.

Comme je tentais de consoler cette brave dame comme je pouvais, pétri d'empathie comme je le suis, je me suis contenté de lui dire : voyons tu connais les élus depuis le temps ! Ce sont malheureusement souvent soit des voyous, soit des crétins et parfois les deux.  

L’air de rien, et sous des dehors triviaux, ma leçon était pleine de sagesse stoïcienne puisque je lui rappelais gentiment de revenir à la réalité des choses dans un monde où un élu nuit souvent plus qu’il n’est réellement utile. Cette brave femme, sans doute très sensible et idéaliste, avait l’espace d’un instant imaginé le contraire !

Or il se trouve qu’au moment même où je m’incarnais en Sénèque proférant ma sagesse, un jeune élu passant par là et que je n'avais pas vu, entendit ma réflexion qu’il n’apprécia pas à se juste mesure puisqu’il sembla qu’il y vit une offense personnelle si j’en crois la mine courroucée qu’il adopta immédiatement.  Je pris conscience d’avoir fait une gaffe.

Le pauvre, gonflé de son importance de conseiller municipal s’était jusqu’alors cru indispensable à la bonne marche du monde et n'avait pas compris qu'on ne puisse pas l'aimer pour tout le bien qu'il estimait faire autour de lui. L’air sérieux et la serviette en main, voici qu’il venait assister à l’affaire de sa vie, le conseil municipal, et voilà que dans le même temps ma réflexion qui ne lui était pas particulièrement adressée, le cueillait à froid tel un uppercut en plein foie, le pire coup que l’on puisse prendre en boxe ! Désireux de devenir saint, le pauvre avait oublié qu’il faut être martyr avant.

Il me regarda haineusement et ne se départit point de son hostilité durant toute la soirée. Je suppose qu’il n’a pas saisi toute la substantifique moelle stoïcienne de ma réflexion, n’y voyant qu’une atteinte intolérable à son statut d’élu, acquis durement par le truchement d’élections (piège à cons). Ainsi, tandis que nous accédions à la salle du conseil municipal, il refusa même que je lui tienne la porte estimant qu’il ne voulait rien me devoir « fut-ce une porte tenue ».

Bien sur, comme je ne suis pas à une vanne près et que la victime était trop belle, toute empêtrée dans ses principes immatures et sa psyché que j’imaginais défaillante, je ne pus m'empêcher de lui  dire que pour une fois qu'un élu servait à quelque chose j'étais ravi et que de surcroît il ferait un très bon huissier. A ce moment précis, j’ai cru qu’il allait me sauter à la gorge. J’étais partagé entre la crainte d’un esclandre public et le fait de pouvoir lui réclamer ensuite des dommages et intérêts qui m'aurait remboursé une fraction de mes impôts locaux que je trouve trop élevés compte tenu des services rendus.

En fait il s'est contenté d'aller se plaindre de moi à un autre élu, ex colistier, avec qui il m’avait vu bavarder. Lequel, n’ayant rien suivi de ces péripéties est venu m’avertir en rigolant qu’on se plaignait amèrement de ma conduite inqualifiable. Comme j’étais un peu remonté, j’ai alors voulu expliquer à ce jeune élu que c’était très vilain de se conduire en petite fille pour cafarder et qu’il aurait pu me dire les choses en face. Je crois que lui et moi étions tellement remontés qu'à un moment des mots d'oiseaux auraient fusé et qu'on se serait battus. C'est très curieux me concernant parce que je suis généralement très zen mais je crois que je ne supporte plus l'arrogance des élus. Les édiles rentrant pour le conseil municipal, notre altercation s’arrêta là ce qui est une bonne chose.

Par la suite, persuadé que j’avais eu à faire au plus sombre des crétins, sorte de demeuré au front bas pour qui un médiocre siège de conseiller municipal aurais constitué un bâton de maréchal, j’ai tenu à me renseigner sur son parcours. Et bien non, ce jeune homme est bardé de diplômes prestigieux et issu d’une des meilleures écoles de notre pays. Cela en dit long sur les conditions de recrutement et sur la légitimité des concours. Brave Montaigne que l’on n’oubliera pas ; lui qui parlait de têtes bien pleines à défaut d’être bien faites. La preuve était faite que l'on peut à la fois être le roi de l'optatif aoriste et le roi des cons dans le même temps !

Le plus amusant, c'est que l'élu auprès duquel il s'est plaint m'a ensuite expliqué que ce jeune élu ombrageux avait été scandalisé par mon irrespect total envers les élus de la république. J'ai trouvé cette réaction totalement affligeante. Car si je comprends le mouvement de colère passager, j'ai du mal à imaginer que l'on colle ainsi à un rôle. La seule explication valable à ce comportement outré se trouve dans les manuels de psychopathologie et on la nomme : personnalité sensitive de Kretschmer.

Il s'agit d'un type de personnalité paranoïaque marqué par un sens élevé des valeurs morales, l’orgueil (une haute estime de soi-même, qui conduit à se considérer comme jamais suffisamment reconnu à sa juste valeur), une hyperesthésie relationnelle entraînant une grande vulnérabilité dans les contacts sociaux, et une tendance à l'autocritique, à intérioriser douloureusement les échecs et une susceptibilité. C’est évidemment la seule explication qui prévale et permette d’expliquer la coexistence chez une même personne d’une abondance de diplômes prestigieux et de tels troubles de caractère amenant une conduite d'une aussi grande immaturité.  

Car il faut être sincèrement totalement immature d’un point de vue psychoaffectif pour imaginer que le respect soit du sans contrepartie aucune du seul fait que l’on soit «élu de la République ». La réaction de ce pauvre jeune élu me rappelait un peu Cartman, personnage emblématique de la série South Park, dans un épisode au cours duquel nommé responsable du couloir, il pratique l'abus d'autorité. 

Ce qui se comprend aisément dans le cadre d’Eric Cartman, personnage âgé de huit ans et sans doute affligé d’un complexe du fait de son surpoids, fait un peu peur lorsqu’il s’agit d’un élu. On n’ose à peine imaginer ce que deviendrait un tel individu s’il avait réellement du pouvoir ! C’est sans doute la raison pour laquelle il serait sage de ne jamais donner le pouvoir à ceux qui le demandent, trop d’élus ayant tendance à vouloir compenser la petitesse de leur bite ou la médiocrité de leur existence avec l’exercice du pouvoir.

Enfin de manière générale et en ne prenant en compte que les trente années qui viennent de s’écouler, d'Urba-Gracco à la récente affaire de Karachi, en passant par les porteurs d'enveloppes, la liste est longue de ces affaires qui permettent de mettre en doute le respect que l'on devrait aux élus de la république ; d'ailleurs le taux d'abstention est révélateur de cet état de fait.

Enfin, je remercie ce jeune élu de m’avoir aidé à parfaire ma liste. Je savais que je pouvais me défier des élus, voyant en eux trop souvent des voyous ou des crétins mais je peux aujourd’hui grâce à lui rajouter la catégorie des malades mentaux que l’on oublie trop souvent.

Bien entendu, j'ai eu le loisir de me demander comment j'aurais réagi si j'avais été à sa place. Sans doute qu'après avoir encaissé la remarque, je serais allé parler à la personne pour comprendre pourquoi elle estimait que les élus étaient généralement des crétins ou des voyous parce que je ne me serais estimé n'appartenir ni à l'une ni à l'autre de ces deux catégories.  Et j'aurais entamé un débat.

Bien que je ne sois pas élu, compte tenu de ma profession, je suis souvent la proie de personnes qui pensent que les psys ne servent à rien ou pire, qu'ils sont à demi fous. Je ne crois pas m'être jamais énervé quand j'ai reçu ces critiques. D'abord, je ne suis pas tous les psys, et d'autre part, cela m'intéresse toujours de comprendre quelles expériences ont pu amener les gens à penser cela de ma profession. J'ai toujours tâché de m'expliquer. Enfin dans tous les cas, je ne m'estime pas dépositaire d'un statut qui me vaudrait automatiquement un respect total.

Je crois même que le respect total m'a toujours semblé suspect. Sans doute parce que l'essence de mon boulot consiste à autonomiser les individus et non à les transformer en féaux de ma toute puissance.

Et puis, je me connais, je suis d'un naturel orgueilleux. Alors dès que je sens poindre en moi l'illusion de la toute puissance ou du contentement béat de moi-même, je fais un tour de RJ 49. C'est ma version moderne du « Respice post te! Hominem te esse memento! (*)»

(*)"Regarde autour de toi et souviens toi que tu n'es qu'un homme"
Tertullien, Apologétique