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10 octobre, 2011

Le club de surdoués !


Voilà, je sais que vous attendiez tous que je vous livre mes observations concernant le club de surdoués auquel j'avais été invité. J'ai attendu l'autorisation de publier l'article. Il faut dire que l'invitation étant gentille, je m'étais autocensuré, préférant garder mes réflexions pour moi. Je ne me voyais pas me rendre dans un endroit, y baffrer comme un chancre et y picoler comme un soudard, pour ensuite aller raconter que c'était merdique. Non, pas de ça chez moi, j'ai au moins la reconnaissance du ventre !

Alors que raconter à propos de cette petite sauterie. Je crois que ce qui m'a le plus étonné, c'est de constater que des personnes se réunissaient parce qu'elles s'estimaient plus intelligentes que la moyenne. Non, que je conteste que l'on soit libre de se réunir comme on l'entend mais que je trouve que l'intelligence est un facteur un peu limité pour se trouver des points communs. Ainsi, je peux reconnaître que certaines personnes sont tout à fait intelligentes sans avoir envie de les fréquenter parce que je ne partage pas grand chose avec elles. Créer un club de surdoués, pour moi c'est comme créer une association de roux, cela ne me semble pas un critère suffisant pour créer du lien social.
A moins que, à moins que la douance, comme le fait d'avoir des cheveux roux, provoque chez certaines personnes des problèmes d'intégration. Dès lors, on n'est plus dans un phénomène classique associatif mais plutôt dans une sorte de processus curatif comme peuvent l'être les Alcooliques anonymes. C'est ce que m'a d'ailleurs confirmé la personne qui me recevait, à savoir que les personnes réunies étaient là pour débattre des problèmes que la douance leur avait infligés. 

C'est une démarche que je peux comprendre dans la mesure où il m'est arrivé de recevoir des personnes se trouvant toutes les tares du monde alors qu'elles n'étaient que surdouées. Effectivement, un talent réel non exploité est souvent une source de souffrance. Ces personnes pressentaient une différence qu'elles mettaient sur le compte d'une affection psychopathologique. C'est une démarche assez classique. On a tous tendance à évaluer ses compétences en fonction de ce que l'on observe chez les autres et on a du mal à imaginer que l'on pourrait être "plus" simplement parce que l'on note des différences entre nos comportements et ceux des autres. C'est finalement une attitude plus saine que de s'imaginer "malades" plutôt que de s'imaginer directement "surdoué".

Bref, une fois admis cela, j'ai bien vite compris que j'étais à une réunion de surdoués anonymes venus là pour échanger des expériences de vie. J'ai donc pu me livrer à une de mes activités favorites, avec manger et dormir, à savoir trier classer et profiler les gens. Et ce fut instructif !

Alors pour tous ceux qui sont venus me lire dans l'espoir que je ferais du mauvais esprit, voici le fruit de mes observations, qui sont à la clinique rigoureuse, ce que Christine Lagarde est à l'économie : une grossière approximation. Allez zou, de deux traits et pas un de plus, je partage une page en trois catégories et je classe les gens rencontrés à toute vitesse ! Alors qu'avons-nous comme première catégorie ?

Tout d'abord, les gens à problèmes dont il m'est difficile de parler tant la catégorie est une fourre-tout. Sans doute certains sont ils réellement surdoués tandis que d'autres ne sont que personnes à problèmes préférant masquer leurs manques derrière une prétendue douance comme une personne sans emploi préférerait se draper des oripeaux de l'artiste incompris plutôt que d'avouer simplement qu'il est chômeur. Il est certain qu'il est plus agréable de se dire surdoué incapable de s'intégrer du fait d'une trop haute intelligence que d'admettre que l'on est simplement caractériel. 

Dans cette première catégorie figurent aussi de réels surdoués mais qui fonctionnent mal sans doute parce qu'ils n'ont pas saisi que l'hemour était une nécessité pour que les neurones tournent bien. C'est ainsi que, tourmentés, enclins à se regarder le nombril, à s'évaluer sans cesse, se mesurer, être à l'affut du moindre de leurs états d'âme, ces surdoués ratent le coche. D'un moteur qui délivrait cinq-cents chevaux au vilebrequin ne restent plus que cinquante haridelles en sortie de boîte. Le reste de la puissance se perd dans des choses sans importances, graves et pesantes. 

C'est ainsi qu'un jeune type a voulu nous ébahir en nous expliquant qu'il pouvait avoir dix-sept pensées simultanées. Et pourtant, il était intelligent mais quel manque d'humour qui affadit tout et transforme une qualité en quelque chose de sinistre et pesant.

En voulant faire étalage de son intelligence, on rate souvent le coche et on ne parvient qu'à se rendre ridicule. Tel le paon faisant la roue, on devient tellement pénétré de soi-même que l'on oublie que les autres ne sont pas venus contempler le pitoyable spectacle de soi-même. Cela sent un peu le complexe, c'est immature et pathétique.  C'est trop, et cela en devient ridicule. L'intelligence est présente mais gadgétisée et mise en valeur de manière tellement grotesque qu'elle en devient lourde et pénible. On en vient à regretter qu'il n'y ait pas un brave con avec qui discuter simplement de choses simples.

Dans la seconde catégorie figurait la fille seule. Si j'ai pu noter qu'il était souvent plus difficile pour une femme intelligente d'être en couple que pour une idiote, on ne peut pas non plus faire reposer ses échecs sentimentaux sur cette seule donnée. Ainsi, à une brune qui me saoulait un peu avec ses états d'âme, j'ai été amené à expliquer que parfois il fallait faire un diagnostic différentiel entre l'hystérie et la douance. A une autre, j'ai expliqué qu'il y avait une différence majeure entre avoir un sale caractère et avoir du caractère. Un femme intelligente n'est pas nécessairement pénible, qu'on se le dise.

La dernière catégorie est constituée des gens réellement surdoués. Ceux chez qui cela s'observe d'emblée par leur rapidité à traiter les informations, leur humour et le recul qu'ils ont face aux choses. Sans doute que certains n'ont pas eu une vie facile. Mais si l'on distingue de petites failles, celles-ci sont presque totalement colmatées et n'entravent aucunement un fonctionnement harmonieux de leur personnalité. Leur douance s'impose d'elle-même et je suis persuadé qu'un test corroborerait mes observations.

Enfin, à la marge figurent quelques personnes qu'il m'est impossible de faire rentrer dans aucune de ces trois catégories. Qu'il s'agisse de personnes trop timides, voire d'autres souffrant d'alexithymie, je n'ai pas suffisamment parlé avec pour me faire une idée valable de ce qu'elles étaient.

Mais au-delà de mes éulucubrations, j'aurais tendance à dire que l'intelligence, la vraie, l'utile, est celel qui à l'instar des bonnes innovations technologiques, parvient à tellement bien s'intégrer qu'elle se fait oublier. L'intelligence ne doit pas complexifier le monde mais bien au contraire l'expliciter. Chaque fois que j'ai entendu quelqu'un dire d'une chose qu'elle était trop complexe pour être compréhensible, j'ai toujours sur que je n'avais pas quelqu'un de réellement intelligent en face de moi.

Voilà le compte-rendu fort simple de cette soirée.

5 commentaires:

  1. Selon certaines théories, il existe différents formes de l'intelligence.

    On peut d'ailleurs être intelligent dans la connerie.

    Ce n'est pas pour cela qu'on est con. Là est la nuance.

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  2. Tout cela est bien trop compliqué pour moi ! D'ailleurs, il est fort possible que les gens dont je parle aient pensé que j'étais moi-même le roi des cons. Cela remet donc les pendules à l'heure !

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  3. Putain, j'suis un artiste incompris!!!
    (je m'en doutais...)

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  4. Quel humour cynique et méprisant !

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  5. Dans la même veine, j'imaginerais bien un club des narcissiques, un club des paranos, un club des personnalités limites, des schizoïdes, etc.
    A vrai dire, il existe déjà des associations d'aide à ces patients, c'est le terme de club qui m'intrigue ; en même temps, la douance n'étant pas une maladie, pourquoi pas le terme de club, après tout !

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