08 février, 2016

Psychiatrie et aliénation !


Voici quelques mois, j'ai déjeuné avec une jeune consœur. Enfin, consœur dans l’esprit mais pas dans les faits, puisqu'elle est médecin-psychiatre et donc nettement plus gradée que moi qui ne suis rien ! Elle m'avait été présentée par un ami commun.

Juste avant de déjeuner, je venais de passer deux heures avec un patient venu de province, exprès pour me rencontrer. Ce type m'avait emballé. Colonel de profession, il avait certes oublié d'être con mais plus encore, il s'était même souvenu qu'il pouvait rester simple malgré sa réussite et même faire preuve d'une très belle sensibilité sous ses airs de tueur. Si j'osais un raccourci audacieux,  je dirais que si j'avais été mécanicien, je venais de passer deux heures à ausculter une fabuleuse mécanique, un beau V6 apte à rouler sur la ligne de couple tout en étant capable de monter dans les tours au moindre coup d'accélérateur. Ça c'est pour les férus de mécanique ! 

J'étais donc sur un tapis volant en venant à ce déjeuner, tout entier encore pris dans l'entretien précédent qui venait de s'achever. Si j'ai uen clientèle sympathique à 99,99%, mes expériences avec les galonnés n'ont pas toujours été fabuleuses. Le précédent colonel que j'avais reçu par exemple, s'était montré extrêmement arrogant et enclin à "faire péter les galons". 
 
Il avait fallu que je rappelle à ce cuistre qui se croyait dans une caserne, qu'en tant que  "psy", il devrait me voir comme un aumônier militaire ayant le grade de celui auquel je m'adressais. Soit, s'il préférait, il en devrait pas oublier qu'il était dans mon cabinet dans lequel je restais le commandant de bord auquel il devrait se soumettre ! J'ai toujours détesté l'argument d'autorité et ce d'autant plus que celui qui en use n'a accompli aucune tâche en rapport avec le respect dont il espère être l'objet. Et moi, il me faut plus que cinq barrettes sur une épaulette pour m’imposer le respect. T'as pas fait Verdun ni le Chemin des dames alors ne viens pas me parler de la guerre et puis voilà ! Non mais !

Mais ce colonel là, celui que je venais de voir ce jour, m'avait enchanté tant et si bien que c'est d'un naturel primesautier que j'arrivais à notre déjeuner. La demoiselle bien que charmante ne semblait pas non plus d'un naturel enjoué. Je mis cela sur le compte d'une certaine timidité tout en me rappelant que dans ma profession, on a plus de contrôlants et d’analysants que de gens vraiment ouverts et sympas. Ceci dit, peut-être que de son côté elle a pu croire que j'étais le représentant Ricard venu prendre les commandes de la brasserie dans laquelle nous allions déjeuner ! La tête de l'emploi est un vaste sujet !

On papote, on papote et puis, on aborde des sujets de boutique, c'est à dire qu'on parle de psy. Moi qui me fais vieux d'années en années, même si un capricorne ne vieillit pas vraiment, j'étais ravi de papoter avec une jeune consœur, persuadé qu'elle allait m'apprendre plein de truc sur les recherches actuelles. Ben mon cul ! Oups, pardonnez moi cette vulgarité. Je voulais dire que je n'ai rien appris de neuf si ce n'est qu'en psychiatrie comme dans le reste de la médecine, semble-t-il, ce soit de plus en plus les protocoles qui s’installent au détriment du facteur humain. Fini les diagnosticiens géniaux, comme House, place aux analyses et aux machines. Elle m'a dont parlé de tests en me disant que untel était positif au test de truc ou négatif à celui de machin. Dans un boulot où n'existent pas de marqueurs biologiques, les tests font donc la loi !

Bref, à un moment comme nous parlions d'un sujet précis, les rescapés du Bataclan, je lui demandais comme elle agirait ou réagirait face à de tels cas. Et là, le museau se plisse et la voici toute fermée. Elle distingue dans ma question un piège qui l'amène à me dire : désolé mais je déteste me faire tester en déjeunant. Alors que moi, et je vous le jure chers lecteurs, je n'avais aucune envie de la tester mais simplement, face à des cas dramatiques, d'avoir son avis de clinicienne. C'est vrai quoi, on a des tests, des IRM et des Scanners mais à la fin, il y a tout de même un individu en face de nous à qui on doit parler. 

On ne peut pas décemment se borner à dire à la personne, vous avez été victime d'un stress intense comme l'atteste le test X que vous venez de passer, voilà une ordonnance pour des anxiolytiques. Il va falloir parler. Ou encore, vous êtes amputé d'une jambe suite à une rafale de Kalachnikov, et comme le prouve le test Y, c'est un cap difficile à passer, prenez ces cachets deux fois par jour et revoyons nous le mois prochain. Mais bon, comme la donzelle avai hérissé toutes ses défenses, j'ai fermé ma gueule et on a achevé le déjeuner, peut-être pas dans une joie délirante mais du mieux possible.

J4ai juste pense à certains patients que j'ai eus par le passé et la manière dont ils auraient pu être jugé par cette jeune consoeur si ils l'avaient consulté. J'ose imaginer que les diagnostics de schizophrénie et les neuroleptiques seraient tombés comme les braves à Saint-Privat ! Je me suis juste dit "putain de monde dans lequel on donne des postes aussi importants à des individus qui n'en sont pas dignes". Puis comme je trouvais cela un peu méchant et que je ne le suis pas, je me suis juste dit qu'il y avait un manque dans la formation. Parce qu'en psy, si vous êtes un petit cœur sensible attaché à l'ordre et aux convenances, ça risque de déménager vu les cas qu'on reçoit.

C'est vrai que pour ma part, partageant tout un tas de traits de caractère avec ma clientèle, il m'en faut beaucoup pour estimer que quelqu'un est fou ou du moins atteint d'un truc grave. Sinon, il y a longtemps que je me serai mis dans le lot avec mes addictions et mes lubies ! Ceci dit c'est aussi pour cela que les médecin qui m'honorent de leur confiance m'envoient souvent les cas un peu "bizarres " parce qu'ils savent que je parviendrai toujours à m'en accommoder.

Et puis, comme je parlais tout en réfléchissant en tâche de find, je me suis souvenu du triangle de Sigaud que j'avais appris en psychologie du travail, lequel Met en relief les trois formes d'aliénations possibles. D'ailleurs j'en avis déjà parlé voici quelques années ici-même. Le triangle de Sigaut, c'est cela :



A l’origine, on admet que la société enferme dans ce qu’on a longtmeps nommé les asiles d’aliénés ceux qui perturbent par trop son fonctionnement du fait d’une personnalité altérée, elle peut aussi tenter d’imposer par l’enfermement une volonté collective à des individus non conformes mais sains d’esprit, du moins aux yeux d’un psychologue impartial. Dans son analyse, Sigaut dessine un triangle formé par la réalité le sujet et les autres et postule que le lien entre égo (soi) et les autres (autrui) âsse forcément par la médiation du réel. Il postule alors que l'aliénation passe forcément par l'ignorance d'un des termes par rapport aux deux autres et qualifie ainsi trois types d’aliénation : l'aliénation mentale, l'aliénation culturelle, et l'aliénation sociale.

L'aliénation mentale correspond à la rupture du lien de l'individu, laquelle débouche sur une rupture avec autrui. Ce sont les cas classiques de "folie", de délires ou de paranoïa par exemple. Le sujet privé de réel et d'autrui est totalement isolé. Ce sont les fous que l'on trouve ici.


L'aliénation culturelle est une coupure du lien avec le réel même si le sujet est en lien avec autrui. Mais sans médiation du réel, ce lien est faussé. C'est le cas de la personne embrigadée dans une secte, dans un mouvement associatif militant ou dans une grande institution. C'est aujourd'hui le cas des politiques qui ne vivent pas ce que vivent les gens. Tant que les gens vivant en aliénation culturelle maintiennent une forme de cohésion dans leur groupe, il n'y a pas de souffrance. En revanche l'irruption du réel entraine nécessairement une crise terrible. C'est aussi la position préférée des personnes appartenant à un environnement très normé où la soumission aux normes, dont le bien-fondé ne sera jamais discuté, est la seule manière de se faire bien voir et d'évoluer. Ce sont les soumis que l'on retrouve dans cette catégorie.


L’aliénation sociale est l'inverse de l'aliénation mentale. Le sujet voit la réalité telle qu'elle est mais reste coupé d'autrui. C'est le cas du génie incompris, du précurseur, de l'excentrique clairvoyant, du dissident contre le régime totalitaire qui peuvent apparaitre comme des inadaptés sociaux minoritaires dans un environnement où justement c'est l'aliénation culturelle qui règne. C'est une position qui génère une souffrance intense dès lors que le sujet est isolé. C'est aussi un piège pour le mauvais psy lui-même en pleine aliénation culturelle et qui, incapable de voir le réel, de le questionner, et de se questionner, serait amené à juger celui qui le voit comme un fou ou dangereux déviant. C'est la position que vivent la plupart des libéraux qui me consultent, cette impression de vivre dans un monde de fous qu'ils sont les seuls à juger tels. Ce sont les rebelles que l'on retrouvera dans cette catégorie d’aliénation.

Au-delà de tout diagnostic, la réalité de la situation que 'jai vécue en compagnie de cette jeune psychiatre, était de voir un individu en pleine aliénation culturelle, tout juste capable d'apprendre et de recracher, sans jamais remettre en cause les pré-supposés de ses croyances, les jugeant bonnes parce qu'enseignées par des individus dûment étiquetés par la société (les profs) et dûment mis en oeuvre par un supérieur (le chef de service).

Et moi, j'étais en pleine aliénation sociale, me trouvant face à ce monde fou que je déteste, ce réel abject et violent, qui consacre comme humanités nouvelles, des études stéréotypées destinées à des individus sots dont la seule gloire aura d'avoir été suffisamment travailleurs, parce qu'ils n'avaient généralement pas grande chose d'autre à faire de leur maigre vie, pour réussir un concours !

Comme je suis rebelle depuis très jeune, entré très tôt en dissidence du fait des mes idées baroques sur la vie et les gens en général et que j'ai vite compris qu'il fallait embrasser la main qu'on ne peut mordre, j'ai fait profil bas en tentant de lui donner à penser qu'elle était sympathique. En revanche, je ne suis pas sur qu'elle m'ait trouvé sympathique et je dois avouer que je m'en fous totalement.

N.B. : 
Bien entendu, mes récriminations sur les concours, ne concernent que les médiocres et ne sauraient concerner les gens très brillants issus de concours. Il y en a et j'en ai un paquet dans ma clientèle(X, Mines, Centrale, médecins, IEP, etc.). J'ai moi-même en mon jeune temps passé quelques concours. Outre le fait que durant leur préparation, je me sois abstenu de sortir, de voir mes amis, ma copine de l'époque et de picoler, je ne suis pas certain que ces épreuvess aient prouvé d'une manière quelconque mon intelligence mais simplement ma capacité (limitée) à me concentrer l'espace d'un moment sur un objectif. On appelle cela du dressage.

2 Comments:

Blogger Unknown said...

FRANÇOIS HOLLANDE EST IMPÉNÉTRABLE,
NON IL EST ALEXITHYMIQUE.

J’avance une hypothèse médicale sur la personnalité de François Hollande : il est alexithymique. Tous les qualificatifs qui lui sont donnés par les journalistes, politiques, ministres, anciennes femmes qui l’on approché la confirme :

• Manque d’affects, d’empathie,
• Manque d’humanité,
• Lisse,
• Imperméable,
• Goujat avec les femmes,
• Gauche, maladroit,
• Discours ennuyeux, dépourvus de sensibilité.

Recopié il y a quelques mois dans la presse :
« Oh, ça suffit maintenant, arrête ça ! » s’agace Rebsamen quand Hollande prétend de nouveau « l’embrasser ». Un tic de langage qui traduit un rare moment de trouble chez un président qui masque si bien ses émotions. « Il n’a pas d’affect, soupire Rebsamen. Ce type est un galet, je n’en ai jamais vu comme ça… »

François Hollande ne masque pas ses émotions : il ne sait pas les exprimer et quand il tente de le faire c’est maladroitement et/ou avec excès. Confer récemment l’embrassade, l’étreinte même, avec Nicolas Hulot.

Il sait mal communiquer ses sentiments avec les femmes ; c’est ainsi que le terme goujat revient souvent.

On le dit « gauche » également car il n’est pas en phase émotionnelle avec autrui. Et quand il tente de l’être, il est maladroit. Ses blagues répétées, souvent déplacées, révèlent qu’il n’est pas sur le même terrain sensible que son entourage.

Il copie -mal- les preuves d’intérêt habituellement manifestées à autrui. Il est ainsi perçu comme non-authentique. Mais il reste étranger, sa personnalité possède un aspect autistique. Ces personnes font progressivement le vide autour d’elles. Ce sont des « monstres » avec une humanité inachevée, un « illettré émotionnel » (Peter E. Sifneos).

Ce diagnostic, uniquement basé sur des signes extérieurs, reste une présomption de trouble de la personnalité, sans valeur tant qu’une autorité médicale ne l’aura pas confirmé par des entretiens (échelles d’alexithymie par exemple). Mais rassurons-nous, ces personnes se perçoivent comme normales et sont d’un optimisme béat, rien n’altère leur joie de vivre !
Jacqueline Divetain,
Psychiatre amateur, retraitée désœuvrée qui vous soumet son diagnostic. Notre Président est si piteux que je me suis permise de lui tirer le portrait !

13/2/16 8:24 PM  
Blogger KevinM said...

Qu'entendez vous par belle sensibilité?

25/2/16 11:20 PM  

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